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La sélection des albums sortis en mai 2025

Écrit par Christophe Billars le 2 juin 2025

« En 4ème Vitesse - Les Albums Sortis En Mai 2025 »

Le 8 mai 1945, mai 68, mai 81, le 1er mai, voilà quelques dates qui évoquent en chacun de nous des événements historiques ancrés dans la mémoire collective d'ailleurs tous sous le signe de la résistance à l'ordre établi. Il n'en faut pas plus pour passer de l'histoire à la musique et aller constater que ce mois a, lui aussi, été source d'inspiration, en particulier chez d'illustres français.

C'est en 1961 que le merveilleux Bourvil interprète « Joli Mois De Mai » tout en feignant l'ivresse, qui l'aide à oublier sa peine « Joli, Joli, Joli Mois De Mai / Je N'ai Désormais / Plus Personne / Il Faut Que Tu Me Pardonnes / Si Je N'ai Pas Le Coeur Gai ». Charles Aznavour lui aussi a chanté « J'aime Paris Au Mois De Mai » en 1950, double déclaration d'amour à une ville et à ce mois printanier « Il Me Plaît À Me Promener / En Souriant Aux Filles / Dans Les Rues Qui Fourmillent / J'aime Paris Au Mois De Mai ».
C'est en 1939 que l'autre Charles, Trenet, chantait « Jardin Du Mois De Mai », ode au désir et à l'amour comme Edith Piaf dans « Amour Du Mois De Mai » (1948) qui imagine « Cet Amoureux Dont Je Rêve ». Dans « Paris Mai » sur l'album éponyme (1968), Claude Nougaro évoque les événements de mai 68 et regrette, amer, « Le Casque Des Pavés Ne Bouge Plus D'un Cil / La Seine De Nouveau Ruisselle D'eau Bénite / Le Vent A Dispersé Les Cendres De Bendit / Et Chacun Est Rentré Chez Son Automobile ».
Pour terminer, n'oublions pas Renaud qui en 1994, se faisait Marseillais sur l'album « À La Belle De Mai » et se payait la tête de Bernard Tapie « Fatche De Con » sur le titre éponyme.

Quittons un peu notre chère patrie avec l'anglais Colin Newman, ex-membre du grand groupe de post punk Wire qui, sur son album solo « Bastards » (1997) intitule un instrumental « May ». Sur l'extraordinaire « The Suburbs » (2010), les canadiens d'Arcade Fire annonçait déjà la couleur « One, Two, Three, Four / Gonna Make A Record In A Month Of May » sur l'énergique « Month Of May », puisque leur nouvel album est annoncé pour la fin de ce mai-ci. Terminons cet inventaire par les incontournables Cocteau Twins quand en 1986 sur l'album « Victorialand », Elisabeth Frazer chantait le mystérieux « Throughout The Dark Months Of April And May » de sa voix venue d'ailleurs.

Mais il est temps de revenir au présent et de voir ce que mai 2025 nous réserve côté sorties d'albums puisque comme le dit le proverbe : « Le Mois De Mai, De L'Année, Décide La Destinée ». Un mois hyper dense en sorties comme nous allons le constater.

Album Du Mois
Thom Yorke / Mark Pritchard
"Tall Tales"

thom yorke mark pritchard

Que ce soit avec Radiohead depuis plus de 25 ans, en solo, dans les projets Atoms For Peace ou plus récemment avec The Smile, Thom Yorke est sans aucun doute l'artiste le plus important de ces dernières décennies et il est inutile de le présenter plus avant. Mark Pritchard par contre est moins connu du grand public. Cet australien de naissance s'est fait un nom dans le domaine de la musique électronique au milieu des 90's d'abord sous le nom d'Harmonic 313 puis sous son propre nom. Les liens entre lui et Radiohead existent depuis qu'il a remixé le titre « Bloom » issu de l'album « King Of Limbs » (2011) du quintette d'Oxford. Depuis c'est Thom Yorke lui-même qui a collaboré avec Pritchard sur un album solo de ce dernier « Under The Sun » (2016). Il n'est donc pas surprenant de les retrouver aujourd'hui sur « Tall Tales », album d'une splendeur ébouriffante, fruit d'une collaboration à distance entre les deux artistes.

Entièrement électroniques, bourrés de beats inspirés et subtils, de nappes envoutantes, de textures variées et passionnantes, les 12 titres de « Tall Tales » forment un éventail expérimental d'une densité et d'une intensité remarquables. Prenons le titre d'ouverture et ses atours Kraftwerkiens « A Fake In A Faker's World », sombre odyssée de plus de 8 minutes magnifiée par la voix de Thom Yorke, et vous aurez une idée assez nette de l'atmosphère qui va régner tout au long de l'album. Je suis personnellement fasciné par « Ice Shelf », somptueuse expérimentation à la tonalité à la fois onirique et inquiétante dans laquelle la voix de Thom Yorke semble une plainte venue de l'au-delà. Côté expérimentation radicale, on trouve également « Tall Tales » le morceau, collage de voix diverses sur plusieurs couches sur fond de nappes angoissantes.

Il serait vain de détailler tous les morceaux du disque tant ils forment un tout cohérent, un voyage sonore éblouissant de beauté dont les sommets sont nombreux. Écoutez la pulsation basse de « Bugging Out Again » et ses nappes ambient, ou encore « Back In The Game » aux sonorités qui renvoient à la new wave des 80's, quand les synthés prenaient le commandement de la pop anglaise, et qui est sans conteste un des morceaux les plus accessibles tout comme « Gangsters » qui lui aussi par ses « beeps » évoque Kraftwerk.

Savourez l'extraordinaire « The White Cliffs », pièce contemplative de plus de 8 minutes, où la voix de Thom Yorke suspendue en apesanteur à des hauteurs inaccessibles au simple mortel, vous transportera. Cette même voix débarrassée de tout effet, à l'état pur, se démultipliant dans des choeurs emporte l'exceptionnellement beau « The Spirit » vers les sommets ou qui adopte une diction saccadée sur le martial « Happy Days » aux allures de marche militaire barrée.

L'album se conclut d'abord avec « The Men Who Dance In Stag's Head » et son intro évoquant un accordéon et la voix en talk-over bientôt rejointe par d'autres voix qui s'entremêlent et montent en intensité puis enfin par « Wandering Genie », à ranger parmi les morceaux les plus expérimentaux de l'album. Totalement dépourvu de beat, il consiste en une addition progressive de sons et de voix qui disparaîtront petit à petit jusqu'au silence final.

Par cette collaboration avec Mark Pritchard, Thom Yorke, une fois de plus, anihile toute concurrence. Toujours dans la prise de risque depuis 30 ans, il vit peut-être la période la plus créative de sa carrière avec celle qui allait de « Ok Computer » à « Amnesiac » au début du siècle. En solo, avec The Smile et maintenant sur « Tall Tales », il place la barre tellement haut qu'on ne peut qu'être admiratifs. Chapeau bas.

Arcade Fire
"Pink Elephant"

arcade fire – pink elephant

Oubliez le Arcade Fire flamboyant et lyrique des premiers albums, celui des fulgurances de « Funeral » (2004) et « Neon Bible » (2007), celui du Springsteenien « The Suburbs » (2010) et du baroque « Reflektor » (2013) qui furent autant de réussites incontestables, propulsant la bande de Win Butler et Régine Chassagne au sommet. Mais cet âge d'or semble bien loin aujourd'hui. Deux albums sont pourtant sortis « Everything Now » (2017) et « We » (2022) mais qui les écoute encore ? Ils contiennent pourtant leurs lots de bons titres mais la magie n'est plus là. On comptait donc sur ce « Pink Elephant » nouveau pour redorer le blason du groupe, plus qu'écorné par les multiples accusations d'agressions sexuelles que Win Butler a subies en 2022 et qui n'ont pas débouché sur des mises en accusation devant la justice. Régine Chassagne formant avec lui un couple à la ville, on imagine aisément à quel point cela a pu faire tanguer le navire canadien.

Pour l'occasion, Arcade Fire a fait appel à un producteur illustre en la personne de Daniel Lanois, jadis oeuvrant pour U2, Peter Gabriel ou Bob Dylan. L'album s'ouvre par un long instrumental, « Open Your Heart Or Die Trying », formé de longues nappes synthétiques, traversé de sirènes inquiétantes évoquant un paysage post apocalyptique. Curieuse entrée en matière, sombre, anxiogène avant le premier titre « Pink Elephant » et son intro où la voix de Win Butler semble curieusement éteinte, atone avant que la chanson ne démarre vraiment. Pas un mauvais titre d'ailleurs mais d'où sourd un ennui profond, plombé par un beat lourd et lent, qu'un refrain pesant ne fait pas décoller. La question revient : où est passé le Arcade Fire capable d'enflammer chaque morceau ? « Year Of The Snake » est sortie en single et le niveau, c'est indéniable, s'élève. Régine est au chant sur ce titre tout en tension rentrée avant d'être rejointe par Win. Malheureusement la chanson pêche par une trop grande monotonie et on attend en vain d'être véritablement transporté malgré un surcroît d'intensité sur la fin. Ce sera pourtant un des meilleurs titres de l'album.

Parce que le meilleur est le suivant, il s'agit de « Circle Of Trust ». Porté par une basse énorme, noueuse à souhait, le couple chante en duo et pour la première fois depuis le début de l'album tout y est excellent. La voix de Régine est aérienne sur les refrains, les arrangements électroniques sont félins et souples sur ce qui est sans doute la meilleure chanson du groupe depuis pas mal de temps. Mais la joie est de courte durée malheureusement car la suite n'est qu'une longue débandade sans âme.

« Alien Nation » pèse son poids d'ennui, « Beyond Salvation » et « She Cried Diamonds Rain » sont deux courts instrumentaux sans idée, « I Love Her Shadow » contient un des plus insupportables gimmicks de synthé entendus depuis longtemps et « Stuck In My Head » voudrait retrouver l'esprit perdu d'Arcade Fire mais n'y parvient jamais tout au long de 7 minutes vaines et pénibles. Sauvons cependant « Ride Or Die », plus acoustique et humble.

2 titres ½ pour un album d'un groupe du calibre d'Arcade Fire, voilà qui ne lève aucun doute sur sa fertilité créative. Tant et si bien que son avenir même semble bien mal engagé.

Pink Floyd
"Pink Floyd at Pompeii MCMLXXII"

pink floyd – pink floyd at pompeii mcmlxxii

Quand on pénètre dans l'Amphithéâtre antique de l'incroyable ville de Pompéi, comme j'ai eu la chance de le faire en octobre dernier, notre attention est immédiatement attirée par une galerie de photos sur les murs du tunnel qui nous conduit à l'intérieur du monument si bien conservé. Sur ces photos, datant de 1971, le groupe Pink Floyd est installé au centre de l'amphithéâtre, témoignages d'un projet réalisé pour la télévision à l'époque consistant à filmer le groupe jouant dans les ruines de Pompéi. L'acoustique du lieu, le cadre extraordinaire, la rareté des concerts filmés à l'époque confèrent à ce document une valeur indéniable. Ce « live », entre guillemets parce que joué sans public, sort aujourd'hui sous la forme d'un double album dont la qualité impose sa présence dans cette chronique bien que n'étant pas véritablement une nouveauté.

Pour situer chronologiquement l'événement dans la carrière du groupe, il se situe après la sortie des albums « Atom Heart Mother » (1970) - dit l'album « à la vache » - et « Meddle » (1971) et juste avant la musique de film « Obscured By Clouds » (1972), mais surtout, pendant l'élaboration du fameux « The Dark Side Of The Moon » (1973) donc véritablement un moment charnière dans l'histoire de Pink Floyd. Une version plus tardive du film en 1974, montre d'ailleurs le « work in progress » sur certains morceaux de l'album.

Au menu donc de ce double live fameux, passée « Pompeii Intro » dont les pulsations cardiaques sont celles de « Speak To Me » premier titre de « The Dark Side Of The Moon », 3 titres issus de « Meddle » que sont « Echoes », « One Of These Days » et le curieux « Mademoiselle Nobs » intitulé « Seamus » sur la version album avec ses aboiements de chien, « Set The Control For The Heart Of The Sun » et « A Sauceful Of Secrets » issus de l'album du même nom et enfin le très barré « Careful With That Axe, Eugene » et le cri glaçant de Roger Waters tiré du live « Unmagumma » (1969). J'ajouterai que Steven Wilson s'est chargé de remixer l'enregistrement pour un résultat époustouflant.

En effet, je considère ce live at Pompéi comme le meilleur enregistrement du Floyd en concert. Il suffit d'écouter les 12 minutes d'un « Echoes Part I » absolument phénoménal pour s'en convaincre. Le groupe est en osmose absolue et livre une version du célèbre titre supérieure en intensité à celle de l'album, embarquant l'auditeur dans une véritable transe. Chaque instrument sonne de manière éclatante et ce sera le cas sur chacun des titres. Jamais l'atmosphère inquiétante de « One Of These Days » n'aura pesé aussi lourd et que dire d'un « A Sauceeful Of Secrets » venu d'ailleurs, plus chaotique et impressionnant que jamais."]

Bref, courez vous procurer ce live, vous n'avez jamais entendu Pink Floyd auparavant.

Viagra Boys
"Viagr aboys"

viagra boys – viagr aboy

On ne peut pas impunément nommer son groupe Viagra Boys sans susciter de fortes attentes quant à l'effet produit par sa musique. À l'heure de publier leur 4ème album, le groupe d'origine suédoise dont la musique s'apparente au post-punk va-t-il provoquer des réactions incontrôlables ?

11 titres donc, à l'énergie détonnante, dans lesquels le groupe s'attaque aux multiples déviances du monde moderne. Dès le rageur « Man Made Of Meat », il annonce la couleur « I Don't Wanna Pay For Anything / Clothes And Food And Drugs For Free ». « You're Obsessed With The Bog Body » aboie le chanteur Sebastian Murphy sur le très punk « The Bog Body » dans lequel il imagine qu'on a retrouvé sous la glace un corps en parfait état de conservation. L'humour est omniprésent sur cet album plein de second degré et d'ironie comme sur « Uno II » où le chanteur adopte le point de vue d'un chien et termine sur « J'ai L'air D'une Garce Quand Je Parle De Politique Suédoise / I Seem Like Such A Bitch When I Talk About Swedish Politics ».

Si l'album ne révolutionne pas le rock, il montre tout de même que les Viagra Boys sont capables de varier leur jeu en ralentissant le rythme sur « Medicine For Horses » ou sur le final « River King » qui commence piano-voix avant que quelques nappes de synthés viennent enrober le tout. Cependant c'est bien l'énergie du punk, domestiquée, qui domine sur cet album dont le sommet est incontestablement le formidable « Pyramid Of Health », incroyable de détachement. Les guitares hurlent et grincent, on entend un saxo (enfin je crois) famélique et la voix de Sebastian Murphy se fait sombre et traînante.

Un disque parfait pour se réveiller ou pour rouler en voiture.

Sparks
"Mad!"

sparks – mad

Honte à moi mais je n'ai véritablement découvert Russell et Ron Mael, les deux frangins fondateurs des Sparks il y a maintenant plus de 50 ans, qu'avec le film de Leos Carax « Annette » (2021) dont ils avaient écrit l'extraordinaire B.O, récompensée justement par le César de la meilleure musique originale. J'ai bien dans ma discothèque leur album « Whomp That Sucker » (1981) que j'ai peu écouté, je connais bien entendu leur tube de 1980 « When I'm With You » et je me souviens qu'ils avaient collaboré avec les Rita Mitsouko sur le single « Singing In The Shower Tonight » en 1988. Mais c'est bien le film de Leos Carax qui m'a fait prendre conscience de l'immense talent des frères Mael. Rendez-vous compte qu'avec ce « Mad! » nouveau, il s'agit de leur 28ème album, rare exemple de longévité créative – ils sont presque octogénaires.

Et cependant, il faut croire que leur désir de surprendre, d'innover n'est en rien émoussé par l'âge puisque cet univers sonore très particulier, d'une originalité folle qui caractérise la musique des Sparks atteint ici un pic. Difficile de définir le genre qu'ils pratiquent puisqu'on trouve de tout chez les Sparks, de la pop, de la musique de cabaret, des arrangements de cordes flamboyants, des sucreries qui jamais ne sonnent mièvres, de l'électronique et le tout d'une modernité à toute épreuve.

Le ton est donné avec ce qui pourrait être une profession de foi dès le premier titre « Do Things My Own Way » que l'on peut traduire par « Ne Fais Les Choses Qu'à Ta Façon » sous-entendu sans te préoccuper des modes, des désirs du public ou de l'appât du gain surtout dans ce monde totalement « Mad! » c'est-à-dire « fou ».

Ce grain de folie qui n'appartient qu'à ses concepteurs caractérise parfaitement cet album qui oscille entre des titres fondants sous la langue « My Devotion », « 1.405 Rules » qui sonne comme si le Pink Floyd de « The Wall » avait été composé dans un cabaret des années 30 du côté de Berlin ou encore des objets sonores assez indéfinissables, brillant par la qualité d'arrangements emphatiques comme « Jansport Backpack ». Mais « Mad! », qu'on peut aussi traduire par « en colère », se fait aussi beaucoup plus punchy sur « Hit Me, Baby » à la batterie dingue et aux voix qui se prennent pour celles de chanteurs d'opérette ou encore caresse sur « Drowned In A Sea Of Tears » et sa pop mélancolique aux superbes arrangements de cordes.

« Mad! » est surprenant et passionnant de bout en bout, c'est peut-être bien finalement dans les vieux pots qu'on...

Pete Doherty
"Felt Better Alive"

pete doherty – felt better alive

Depuis que Pete Doherty habite en Normandie du côté d'Etretat, tout a changé. Oubliée l'image du sale petit drogué ingérable qui faisait la une des tabloïds, place maintenant à un Doherty assagi, clean et semble-t-il enfin épanoui. En couple avec une française avec qui il a eu une petite fille pour laquelle il a écrit « The Pot Of Gold », il s'est également métamorphosé physiquement et musicalement. Oui il a quelques kilos en trop et ressemble à un propriétaire terrien avec moustache et béret pour le côté Gavroche, mais peu importe, car la voix éraillée et si touchante est toujours là. La renaissance a eu lieu en 2022 avec l'album concocté avec Frédéric Lo, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » assurément sa grande œuvre à ce jour. L'album comporte une collection de chansons qui ont tout pour devenir des classiques, superbement arrangées et interprétées, loin de la fougue juvénile des Libertines mais manifestant une paix et une maturité bienvenues.

Ce « Felt Better Alive », sans atteindre les hauteurs du précédent fait preuve d'une belle constance et les chansons sont faites d'un bois qui vieillit assurément bien sur des arrangements un peu plus bruts de décoffrage. Les instruments traditionnels du rock sont présents ainsi que des cordes discrètes qui viennent enrober le tout. Pete Doherty ne bouleverse pas sa musique mais montre qu'il est un songwriter de haute tenue. Outre sa petite fille sur « The Pot Of Gold » donc dans laquelle il évoque aussi son passé tumultueux « Dad Can Buy You Loads Of Cool Shit / Forget About The Times / When They Always Try To Run Me Out Of Town // Papa Peut T'acheter Des Tas De Trucs Cool / Oublie L'époque / Où Ils Essaient Toujours De Me Chasser De La Ville », Doherty rend hommage à plusieurs reprises à sa région d'adoption ce qui en fait le plus français des chanteurs anglais.

Sur le superbe « Calvados » d'abord dans lequel il dresse le portrait d'un couple de fermiers producteurs du fameux alcool « The Apples Will Grow / The Barrels Will Roll / Soon To Become Liquid Gold / And The Calvados Will Flow // Les Pommes Pousseront / Les Barils Rouleront / Bientôt De L'or Liquide / Et Le Calvados Coulera ».

Encore plus surprenant est cet hymne dédié au stade du HAC - dont Doherty est supporter et souvent présent aux matchs - qu'est « Stade Ocean ». Ce titre par son côté bripop renvoie aux 90's et pourrait, qui sait, devenir le symbole du Havre Athletic Club « I Sail The Ocean, I Sail The Sea Océan, Ciel, Marine Océan, Ciel, Marine ». On pense aussi à ce « Prêtre De La Mer » dans laquelle on entend l'extrait du sermon d'un prêtre normand. Pas étonnant donc que l'album prenne parfois des couleurs folk et country comme sur « Out Of Tune Balloon », « Felt Better Alive » qui pourrait être un titre des Waterboys période « Fisherman's Blue » (1988) ou encore « Ed Belly » qu'on jurerait chanté dans un saloon.

L'album vieillira bien, comme un bon Calva.

Bruce Springsteen
"Blindspot - Single"

bruce springsteen blindspot

Difficile d'achever cette chronique sans évoquer le Boss dont l'actualité est brûlante. Que ce soit en live, puisque à l'heure où vous lirez ces lignes, j'aurai eu la chance de le voir avec son fidèle E Street Band au Stade Vélodrome alors qu'il a déjà enflammé Lille mais également sur le plan politique, puisque tout naturellement, il a pris la tête de la fronde anti-Trump et voit de plus en plus d'artistes apporter leur soutien à celui que le petit Donald traite de « vieux pruneau rabougri » et à qui il ordonne de « fermer sa gueule ». Le mec n'a pas de honte.

Sur le plan des sorties, quelques extraits d'un prochain coffret monumental de 7 albums inédits du nom de « Tracks II », sont déjà disponibles dont le somptueux « Blindspot ».

En attendant de célébrer l'Amérique de Springsteen, celle que l'on aime, rendez-vous dans un mois pour « En 4ème Vitesse » de juin.

Auteur
christophe billars

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


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