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Le groupe anglais Ride revient avec un nouvel album

Rédaction : Christophe Billars le 12 septembre 2019

Après une reformation en 2017, le groupe anglais Ride confirme sa renaissance avec ce tout nouvel album "This Is No A Safe Place".

Juste avant la brit pop et le grunge qui ont balayé les 90's, quelques artistes anglais ont inventé un style, qui sera appelé Shoegaze par les journalistes, à cause de leur manie de fixer leurs pédales durant les concerts, dans le but d'en tirer des sons façonnant les murs de guitares caractérisant leur musique. Les incontournables avaient pour nom My Bloody Valentine, Slowdive et un quatuor originaire d'Oxford nommé Ride. Au menu, une alchimie subtile entre des guitares en furie et des voix souvent éthérées et noyées dans la masse des sons en fusion sans jamais sacrifier les mélodies fragiles et subtiles. Mes années d'étudiant ont été bercées par leurs deux fabuleux premiers albums – « Nowhere » (1990) et sa pochette à la vague et l'immortel « Going Blank Again » (1992), candidats sérieux au top 10 des meilleurs albums des 90's. Puis après les deux albums décevants que seront « Carnival Of Light » (1994) et « Tarantula » (1996), le groupe se sépare pour … renaître en 2017 avec « Weather Diaries » La renaissance se confirme avec ce tout nouveau « This Is Not A Safe Place » qui sera suivie d'une tournée passant d'ailleurs par la France.

Nouvel album du groupe anglais RideSur la pochette intérieure, on aperçoit le groupe au travail dans leur studio d'enregistrement. Ce qui frappe immédiatement bien entendu, c'est le passage du temps. Le beau Mark Gardener qu'on avait laissé en pleine jeunesse exhibe son crâne nu, Andy Bell le guitariste accuse les effets des années. Mais trône sur un mur du studio, au centre et surplombant les musiciens concentrés sur leurs instruments, la figure tutélaire et incontournable du Roi David Bowie. La présence fantomatique de l'auteur, à presque 70 ans, du chef d'œuvre « Blackstar » (2016) est un message très clair. Peu importe l'âge, à bas le jeunisme à l'œuvre depuis toujours dans le rock, seule la passion compte. On ne compte d'ailleurs plus les artistes dont les œuvres majeures sont celles de la maturité. Ride revient parce que le feu brûle encore. Cet album en témoigne.

Il faut cependant passer l'instrumental inaugural « R.I.D.E », sas d'entrée dans le disque mais quelque peu plombé par une batterie pachydermique pour apprécier l'album. On enchaîne directement avec deux tubes potentiels. « Future Love » d'abord, pépite pop rafraichissante qui renvoie, sans toutefois l'égaler au « Twisterella » de « Going Blank Again ». On retrouve dès lors la voix adolescente de Mark Gardener, telle qu'on l'avait laissée au milieu des 90's, flottant sur une mélodie irréprochable. « Repetition » ensuite qui laisse entrer des sonorités électroniques mais fait surtout la part belle à des montées de guitares qui sont comme des tremplins à la voix de Gardener. Hyper accrocheur, le titre s'ouvre sur la phrase « Repetiton is a form of change » qui pourrait être la profession de foi du Ride nouveau. Dès lors les titres s'enchaînent et confirment le retour en forme du quatuor anglais. « Kill Switch » dans lequel les guitares incisives brillent sur une énorme basse distordue est un des sommets de l'album et laisse place au très pop et très adolescent « Clouds of Saint Marie . « Eternal Recurrence » peine un peu de sa platitude et de sa longueur. Rien à dire par contre sur l'enchaînement entre « Fifteen Minutes » et sa pop trouée de guitares soudaines et furieuses et « Jump Set » à la longue introduction qui fait irrésistiblement penser à New Order avec sa batterie froide et métronomique avec que les couches de guitares superposées entrainent le morceau vers les sommets. Immense réussite. Ride débranche ses guitares pour un « Dial Up » très acoustique et apaisé. Cette ballade bucolique ne laissera entrer qu'une batterie mid tempo en son milieu, puis des guitares carillonnantes pour un résultat absolutely charming. La dernière ligne droite de l'album débute par l'accrocheur et sautillant « End Game » qui au fur et à mesure gagne en intensité et en amplitude avant de lâcher les chevaux dans sa dernière partie. « Shadows Behind The Sun » tout en guitare acoustique, tambourin et claps fait un matelas à la mélodie agréable mais quelque peu convenue.

Avant d'entamer « In This Room », le dernier titre de l'album, je ne peux m'empêcher de penser à l'ahurissant « OX4 » qui clôturait « Going Blank Again » et quintessence de l'art des anglais. Car ici, Ride referme son album par un très grand titre de plus de 8 minutes, magnifique ballade en apesanteur dont ils ont le secret, alternant des passages ouatés et des vagues de guitares inexorables avant une longue et somptueuse partie instrumentale respirant la sérénité, la plénitude d'artistes qui n'ont plus rien à prouver. Laissez-vous porter les yeux fermés jusqu'à la fin de ce titre parfait, Ride est peut-être parti de « Nowhere » mais désormais le chemin est sûr.

Je suis sûrement, il faut l'avouer, venu à ce disque par nostalgie mais c'est bien ses qualités qui m'y font revenir. Il n'est pas parfait bien sûr et comporte quelques moments plus faibles, on n'y retrouve pas toujours l'incroyable éclat des deux premiers albums, joyaux qui n'en finissent plus de briller mais « This Is Not A Safe Place » n'est jamais indigne et respire l'intacte énergie et le plaisir de jouer à nouveau ensemble de ces jeunes quinqua.

À écouter : Repetition – Future Love – In This Room

Christophe Billars.
Retrouvez ses chroniques également sur le blog Galettes Vinyles

Nouvel album du groupe anglais RideRetrouvez des extraits du nouvel album de Ride dans les playlists de Poptastic Radio.

Auteur

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


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