Chroniquer le nouvel album d'un artiste qui ne m'a jamais transporté, que ce soit au sein des Libertines ou des souvent brouillons Babyshambles nécessite un surcroît d'objectivité. D'autant plus qu'il est responsable d'un des pires concerts auquel qu'il m'ait été donné d'assister un soir à la Paloma de Nîmes.
Le sale gosse du rock anglais, de plus en plus au-devant de l'affiche pour ses frasques que pour sa musique, peut-il rester encore longtemps cet éternel adolescent, gâchant son talent ? Pete Doherty semble cependant avoir trouvé l'amour et un équilibre nouveau, s'installant à Étretat avec son épouse. Il a aussi pris pas mal de kilos, ressemblant désormais plus à un propriétaire terrien anglais, avec sa casquette et son chien, qu'au petit voyou à la belle gueule qu'il était jusque-là.
Cet album, "The Fantasy Life of Poetry & Crime" est signé Pete Doherty et Frédéric Lo et c'est bien le disque d'un duo, d'une collaboration on va le voir hyper fructueuse auquel nous avons à faire ici. Déjà responsable du « sauvetage » d'un Daniel Darc sur lequel plus personne n'aurait misé un kopeck pour l'album « Crèvecoeur » (2004), Lo réalise ici les musiques et les arrangements de ces 12 titres sur lesquels Doherty est venu greffer ses mots et sa voix. Frédéric Lo joue également des claviers, de la basse, de la guitare et a donc assuré les arrangements de cuivres et de cordes si présents sur le disque.
Disons-le tout de suite, l'album est un miracle d'équilibre, de composition, d'émotions.
« The Fantasy Life of Poetry & Crime » et son intro de cordes, ce qui surprend chez Doherty, ouvre l'album. C'est un morceau absolument somptueux, meilleur que tout ce qu'a pu proposer jusqu'ici l'enfant terrible du rock anglais. Mélodie merveilleuse et pourvoyeuse de frissons, arrangements de cordes plus-que-parfaits, on est soufflé par cette introduction miraculeuse. La voix brisée de Doherty fait merveille à tel point qu'il semble ici avoir trouvé sa voie et sa voix, être soudain devenu adulte. Il glisse quelques mots en français sur cette célébration de la région où il vit désormais :« Je suis ici / Can you follow me ». Of course Pete, surtout si l'album maintient cette qualité.