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Sex Pistols en concert : Retour vers le No Future

Écrit par Gilbert Miot le 21 juillet 2025

Si on m’avait annoncé qu’un jour j’assisterais à un concert des Sex pistols, je ne l’aurais pas cru, même si le combo punk s’est reformé en quelques occasions depuis la première dissolution en 1978.

Obtenir une accréditation photographe pour le compte de Poptastic Radio a été une incroyable et bonne surprise, on n’y croyait plus vraiment avec Claude le Boss, quand ce dernier m’annonce la nouvelle même pas une semaine avant l’événement. C’est en mission commandée équipé de mon modeste hybride Sony que je me retrouve un 11 juillet 2025 d’une chaude journée estivale dans le cadre du sympathique festival du Jardin Sonore à Vitrolles en Provence. Au menu de cette deuxième journée une affiche très punk nostalgique avec en vedettes les suédois Viagra Boys, Toy Dolls avant le passage des très attendu des Sex Pistols Feat. Frank Carter en fin de soirée.

J’entendais déjà des esprits chagrins dénoncer le retour des vétérans punk sans leur chanteur historique, John Lydon en froid avec ses ex camarades avait décliné l’invitation, n’hésitant pas au passage à cracher son habituel fiel sur la présence du chanteur des Rattlesnakes derrière le micro. Je dois aussi reconnaître une petite déception de ne pas voir en chair et en os l’intégralité du combo qui avait défrayé la chronique en 1977, les Pistols sans John les dents pourries c’est un peu les Doors sans Jim Morrisson, Motohead sans Lemmy ou Peter sans Sloane...

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Avant de revenir au concert du jour, un petit retour sur l’empreinte et l’importance des Sex Pistols dans le rock.

Producteur de rock, boutiquier, escroc notoire, situationniste, avant de s'occuper des Sex Pistols, Malcom Mc Laren traîne dans le Swinging London puis ouvre une boutique de disques de rock à contre courant de la mode hippie et glam où il attire des clients prestigieux de passage comme Iggy Pop, le MC5... En 1974, il décide de prendre en main les affaires des New York Dolls et se plante complètement. De retour à Londres, il s'associe avec Vivienne Westwood, sa compagne, et ouvrent une boutique qu'ils baptisent Sex. Articles bondage, SM, Westwood invente le bondage pants qui devient l'uniforme des punks. Ceux-ci ne manquent pas de traîner à la boutique à l'image de Glen Matlock, le futur bassiste des Pistols. La connexion est faite avec Mc Laren qui va s'occuper de lancer le groupe avec une technique inédite en mélangeant la mode, le graphisme, le situationnisme en détournant les images des loisirs de masse. Sorti pour le jubilé de la reine en 1977, le single "God Save The Queen" est un cataclysme dans la société anglaise ainsi qu’un énorme succès. Mc Laren et The Sex Pistols triomphent, changent de label plusieurs fois en demandant toujours plus d'argent. De vrais cyniques et de vrais punks, cela va sans dire...

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Les Sex Pistols sont devenus célèbres bien avant d’avoir sorti leur unique disque, une célébrité qui surpasse leur musique sans même avoir joué le moindre concert. On ne perdra jamais de vue que l’émergence du mouvement punk avait permis au rock de retrouver un peu de morgue et de fraîcheur juvénile après une décennie dominée par des musiciens plus enclins à produire des disques pour tester des chaines hifi plutôt que de créer le frisson. Il faut aussi rappeler le climat social de l’époque, l’optimisme des années 60 fait place à une dépression généralisée et au chômage de masse. "Never Mind The Bollocks" a été enregistré dans la douleur, après avoir été virés par EMI leur premier label, Virgin finira par signer les Pistols. L’ambiance n’étant pas toujours au beau fixe entre les membres du groupe, le bassiste Glen Matlock pourtant crédité co-auteur sur quasiment toutes les compos est poussé vers la sortie, remplacé par le sociopathe et crétin notoire Sid Vicious, exécrable musicien mais ami intime de Johnny Rotten. Ce dernier éructe comme un possédé sur des textes abordant des thèmes sociétaux, dénonçant le système, la monarchie en particulier, l’un des cris de ralliement les plus célèbres étant celui de "Anarchy In The UK" ainsi que sur "God Save The Queen" avec une rage de damné. Je garde le meilleur pour la fin, le jeu de guitare de l’autodidacte Steve Jones d’une efficacité et d’une grande simplicité est propre à donner de l’espoir au plus cancre des guitaristes en herbe. Des rumeurs persistances laisseraient entendre que toutes les parties instrumentales ne seraient pas jouées sur le disque par le gang. Celles de Sid Vicious ça s’entend, aucun doute sur l’excellent batteur Paul Cook, quant à Jones, une rumeur laisserait penser que les parties de guitares créditées au médiocre jeu de Steve Jones auraient été joué par un illustre et brillant adepte de la 6 cordes dont on m’a soufflé l’identité, mais ça restera confidentiel... Au final, un album sorti en 1977 considéré comme l’un des plus influents de l’histoire du rock, 12 titres explosifs entrés dans la légende, je ne parle même pas de la pochette…. Indispensable dans une discothèque digne de ce nom.

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Le concert des Sex Pistols le 11 juillet 2025 au Jardin Sonore Festival

Les cheveux blancs et les crânes déplumés ont remplacé majoritairement les crêtes d’antan même si l’on pouvait admirer quelques coiffures hautes en couleurs, rappelons que le line up originel du groupe composé de Paul Cook derrière les fûts, Glen Matlock à base ainsi que Steve Jones à la 6 cordes flirtent avec les 70 printemps. Le public s’est s’échauffé avec le spectaculaire et sympathique trio anglais Toy Dolls. Il est 22 heures lorsque l’on voit apparaître sur la scène du Jardin Sonore le groupe et Carter  tout en tatouages arborant un t-shirt à l’effigie de Motörhead, le public et votre serviteur en transe sous les premiers riffs de "Holidays In The Sun" lancés par Steve Jones. La tension monte progressivement, tous les titres de "Never Mind The Bollocks" sont joués pour notre plus grand plaisir, les excités des premiers rangs enchaînent slams et pogos comme aux plus grandes heures du punk rock, tout ce joyeux bordel restant festif et sans débordement particulier. Pour ma part je bois du petit lait en mitraillant les musiciens devant la scène dans le créneau des 4 premières chansons accordées aux privilégiés dont j’ai l’honneur et l’immense plaisir de faire partie. La prestation de Frank Carter réussi presque à nous faire oublier l’absence de John Lydon, le gars éructe et prend possession de la scène comme un possédé, sa fougue entraînant les 3 musiciens vétérans vers le haut. Une excellente surprise pour les plus sceptiques dont je faisais partie ! Ça n’est pas vraiment les Pistols comme le brame à qui veut bien l’entendre le chanteur historique du groupe, qui nous dit que "cette affaire ne serait qu’un cirque de clowns". Sacré lui, punk un jour, punk toujours ! A-t-il tout à fait tord ? Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant. Le délire monte encore d’un cran avec "God Save The Queen", "My Way" reprise en choeur par la foule, un concert d’à peine une heure qui se terminera en apothéose avec "Anarchy In The UK" laissant un public comblé et ivre de bonheur d’avoir vu et entendu des légendes du rock.

Mission accomplie !

Photos : Gilbert Miot

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Auteur
gilbert miot

Gilbert "Gigi" Miot est à l'origine de la création du groupe Facebook de la radio, le bien nommé "Le Pub Poptastic". Bon vivant, volontaire pour aider la cause "Rock anglais", il agit en permanence avec ses acolytes du Pub et notamment Franck Commarmond, modérateur également, pour fire vivre et animer notre groupe de passionnés.


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