Album Never Cry Another Tear du groupe anglais Bad Lieutenant

En 2001, New Order signait avec « Get Ready » un retour fracassant sur le devant de la scène. L'album regorgeait de compositions de premier ordre et semblait promettre le groupe à un nouveau départ. 4 ans plus tard, « Waiting For The Siren's Call » (2005) confirmait l'essai tout en restant un ton en dessous et affichant un son plus pop et commercial que l'intensité brûlante inégalée de « Get Ready » qui reste à ce jour un des plus grands disques du groupe. Et puis, en 2006, Peter Hook, son bassiste mythique, quittera New Order qui semble alors définitivement dissous. La suite prouvera le contraire mais il faudra attendre la lettre « N » de cette chronique pour revenir sur le parcours de ce groupe majeur.

C'est donc sur les cendres encore rouges de New Order que Barney Sumner, chanteur et guitariste du groupe de Manchester, décide en 2009 de fonder Bad Lieutenant et sort l'album, ce sera le seul, intitulé « Never Cry Another Tear ». On retrouve, outre Sumner, deux ex-membres de New Order en la personne du batteur Stephen Morris et de Phil Cunningham aux claviers mais également l'ex- Blur Jack Evans qui en plus de tenir la guitare, chante sur plusieurs titres du disque placés en fin d‘album.

Musicalement, l'album se situe dans une veine assez proche du New Order précédent « Waiting for the siren's call », mais sans la basse mythique de Peter Hook. Barney n'a jamais été un grand chanteur, ce que le disque confirme et l'album tient surtout debout grâce à une rythmique impeccable. L'album peine cependant à égaler le modèle et reste à des années-lumière en deçà de « Get Ready ». Très inégal, assez pop, l'album convainc surtout sur les 4 premiers morceaux. Il débute par le catchy « Sink Or Swim » et son refrain que l'on se surprend à fredonner, se poursuit avec le très New Orderien « Twist Or Fate » encore meilleur, qui fait merveille sur un refrain aux chœurs très réussis. Ces deux titres furent en leur temps les deux premiers singles de l'album.

Mais les deux meilleurs morceaux sont à venir, tout d'abord avec ce « Summer Days » à la légèreté bienvenue, à la ligne de basse hyper accrocheuse et au refrain qui reste en tête juste avant ce qui sera le sommet de l'album « This Is Home » dont on aurait rêvé qu'il soit joué avec la basse de Peter Hook. La mélodie est ici à la fois variée et inventive, les guitares plus agressives et le morceau peut enfin rivaliser avec New Order.

Mais à partir de là, le disque dégringole en une longue suite de morceaux sans grand intérêt, d'une platitude et d'une banalité que la production ne peut sauver. Sitôt écoutés, sitôt oubliés, ils défilent dans l'indifférence comme le mièvre « Runnin Out Of Luck » ou le pénible « Dynamo », recyclant des clichés éculés comme le rébarbatif « Poisonous Intent » qui voudrait sonner « jeune ». « These Change » est d'un ennui abyssal, « Shine Like The Sun » fait tout sauf briller et on a du mal à comprendre pourquoi un titre comme « Runaway » n'est pas resté dans les cartons. On sauvera du naufrage, parce qu'il faut être indulgent, « Head Into Tomorrow » chanté par Jack Evans, un slow un peu glue, un peu folk qui ferme l'album et « Walk On Silver Water » pour la mélancolie de son refrain.

Cet album de Bad Lieutenant est la preuve que l'alchimie d'un groupe tient à l'impalpable que constitue le talent  des membres qui le composent. « Never Cry Another Tear » a la couleur de New Order, l'odeur de New Order, le chanteur de New Order mais pas ce qui en fait la substance. Agréable le temps d'un début relativement réussi, il sombre ensuite et nous avec dans l'ennui. Il a au moins une qualité et pas la moindre : il donne très envie de se replonger dans la discographie de New Order et par exemple dans le fabuleux « Get Ready ».

Retrouvez les chroniques de Christophe Billars également sur son blog Galettes Vinyles