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En 4ème vitesse, les albums sortis en octobre

Rédaction : Christophe Billars le 1 novembre 2024

Retour sur l'essentiel des sorties d'albums du mois d'octobre 2024.

Offspring à éviter, l'excellente surprise de London Grammar, Memorials inclassable, les Pixies toujours là et Porridge Radio pour terminer en beauté, c'est le bilan des sorties d'albums Rock du mois d'octobre.

Si les vendanges de septembre se sont révélées assez exceptionnelles, j'ai bien peur qu'octobre ne soit pas tout à fait du même tonneau même si certaines cuvées gagnent en qualité avec le temps, n'oublions pas que ce mois fut celui du dernier et encore très décevant Coldplay.

Commençons donc par l'artillerie lourde puisque ces jours-ci ont vu la sortie du 11ème album de The Offspring et comment dire, je m'en serais bien passé.

The Offspring – Supercharged

Ceux qui ont la nostalgie de leurs années d'adolescence boutonneuse se satisferont peut-être de ce « Supercharged » qui donne l'impression que le groupe n'a pas évolué d'un iota depuis les 90's. Ce nouvel opus des californiens est composé de 10 titres tous peu ou prou semblables les uns aux autres. À base de riffs punk rock surproduits, de refrains beuglés à l'unisson sur un tempo rapide, ils sont censés dégager l'énergie que promet le titre mais ne produisent chez moi que lassitude et très vite, un ennui profond. Au fur et à mesure qu'ils défilent, je me surprends à ne pas m'être rendu compte qu'on était passé au suivant tant ces morceaux se ressemblent. Aucun malheureusement ne retient véritablement l'attention et on touche le fond avec l'affreux « Come To Brazil » qui se termine par des « Ohé/ Ohé-ohé-ohé » manifestement enregistrés au Café du Centre après la victoire de l'équipe de foot locale. N'importe quel titre fera l'affaire alors pourquoi pas ce « Make It All Right » aux vagues airs de surf punk. De toutes les façons l'avenir me donnera tort puisqu'ils vont remplir les stades aussi vite que se termine cette phrase.

the offspring supercharged

London Grammar – The greatest love

On change complètement de registre avec « The Greatest Love », 4ème album des anglais de London Grammar.

J'avoue n'avoir pas suivi le groupe après leur premier album « If You Wait » (2017) emmené par son énorme tube « Wasting My Young Years », coup d'essai réussi bien qu'un peu ennuyeux sur la longueur.

C'est donc pour moi une excellente surprise que ce nouveau disque qui, s'il contient toujours l'ADN du groupe, des titres finement ouvragés, majoritairement acoustiques et mélancoliques, montre surtout les progrès accomplis dans tous les domaines. Bien entendu, les 10 morceaux sont des écrins pour la merveilleuse voix d'Hanna Reid, extraordinaire chanteuse qui n'est jamais dans la démonstration mais toujours dans une interprétation humble au service des chansons. Cependant les compositions ont acquis une amplitude, une majesté que n'avait pas le premier album. Musicalement également le groupe a progressé sans se renier, cordes et électronique discrète se mariant à la perfection sur certains titres comme « Into Gold ». L'émotion est au rendez-vous d'un bout à l'autre de cet album soyeux et imposant à la fois parfait pour passer l'automne et pour réchauffer les soirées d'hiver. Écoutez ce majestueux « You And I » d'une beauté imposante.

london grammar the greatest love

Memorials – Memorial waterslides

Certains se souviennent peut-être, ce n'est pas mon cas, du groupe de filles Electrelane. D'autres plus nombreux certainement ont aimé à la charnière des années 70/80 Wire et son post punk implacable. Memorials est formé par la chanteuse des premières - Verity Susman - et par le guitariste des seconds, Matthew Simms. Leur album « Mémorial Waterslides » nécessite que l'on soit prêt à effectuer un plongeon dans des eaux troubles et inquiétantes. Mais il est suffisamment excitant, parfois, surprenant, toujours, pour avoir sa place dans cette chronique.

L'album débute par 3 titres absolument imparables. « Acceptable Experience » ; « Lamplighter » et « Cut It Like A Diamond » constituent une entrée en matière parfaite, forgés dans une pop sautillante et légère, sous influence Krautrock, emmenés par la voix blanche de Verity Susman, par une basse élastique et des claviers qui les nimbent d'une auréole psychédélique. Le mélange est extraordinaire surtout que ces titres prennent sur la longueur des directions inattendues et s'échappent dans le cosmos.

À l'image de ces trois locomotives, c'est l'album tout entier qui, dès lors, sort des sentiers battus et devient totalement inclassable. Expérimental à base de collages sonores sur « Memorial Waterslides II », dub spatial sur « Book Stall », presque free jazz sur « False Landing », aux relents ambient sur la première moitié de « I Have Been Alive » qui se termine comme du Stereolab, jusqu'à la ballade finale en apesanteur « The Politics Of Whatever ». Un album parfait pour ceux qui recherchent de l'inédit et de l'aventure auditive.

memorial memorial waterslides

Pixies – The night the zombies came

C'est à mes années d'étudiant que les Pixies me font penser, quand ils dynamitaient nos oreilles avec leurs chansons en montagnes russes qui allaient influencer tant de groupes des 90's. Mais il ne faut pas se voiler la face, depuis leur reformation en 2014, sans cependant jamais entamer leur statut de groupe culte, Frank Black et ses acolytes (Kim Deal en moins) n'ont jamais retrouvé les sommets qu'ils côtoyaient sur « Doolittle » (1989), « Bossanova » (1990) et « Trompe Le Monde » (1991). Ils ne sont pas devenus un mauvais groupe, loin de là, ils sont juste rentrés dans le rang, produisant des albums honnêtes sans plus. C'est le cas pour ce nouveau disque intitulé « The Night The Zombies Came » dont l'écoute n'est pas désagréable mais ne produit plus les frissons vertigineux de ses glorieux aïeux.

Il serait cependant malhonnête de ne pas reconnaître les bonnes idées de cet album et il y en a comme sur l'énergique « You're So Impatient » ou les plus pop « Johnny Good Man » et « Motoroller ». Mais je leur préfère encore « Hypnotised » qui retrouve quelque chose des Pixies d'avant, « Primrose » mid-tempo à la mélodie qui fait mouche ou encore le très dépouillé « Chicken ». Par ailleurs l'album est trop long, souvent anecdotique et frise sur certains titres la lourdeur et la fatigue. Je leur pardonne ces errements car quoiqu'on en dise, les Pixies sont toujours là et ne sont pas ridicules.

pixies the night the zombies came

Porridge Radio – Clouds in the sky they will always be there for me

Si l'avenir des Pixies est sans aucun doute derrière eux, il n'en va pas de même pour Porridge Radio, groupe avec lequel nous allons terminer en beauté cette chronique d'octobre, et qui est à coup sûr parmi ce qui se fait de mieux en ce moment. Je les ai découverts avec leur album précédent « Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky » (2022), véritable coup de cœur à l'époque, bluffé que j'ai été par cette collection de titres intenses, lyriques et habités. Formés à Brighton autour de leur guitariste chanteuse Dana Margolin, Porridge Radio affiche une composition classique guitare – voix – basse – claviers – batterie.

J'attendais donc avec impatience ce nouvel album intitulé « Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me » qui affiche clairement la tonalité sombre du disque – Dana Margolin y relatant sa traversée d'une période de sa vie très difficile depuis l'inaugural et magnifique « Anybody » dans lequel elle affirme « I Don't Know Anybody / I Don't Want To Know Anybody Else » jusqu'au dernier titre « Sick Of The Blues » qui annonce le retour de la joie de vivre « I'm Sick Of The Blues / I'm In Love With My Life Again ». Entre les deux, Dana Margolin porte par sa signature vocale exceptionnelle, des titres d'une intensité et d'une profondeur remarquables, souvent construits à partir de moments calmes presque folk et acoustiques qui évoluent en montées dramatiques orageuses et électriques. La voix de Dana Margolin fait penser à celle d'Adrianne Lenker du groupe Big Thief, toujours sur le fil du rasoir de la fragilité et pourtant distillant une puissance émotionnelle impressionnante. Ce n'est donc surement pas un hasard si on retrouve aux manettes de l'album Dom Monks producteur de … Big Thief. Il faut quelques écoutes pour apprécier pleinement cet album qui peut sembler monolithique de prime abord mais se dévoile sous toutes ses coutures avec le temps, devenant très vite indispensable.

porridge radio clouds in the sky they will always be there for me

Voilà pour octobre, rendez-vous dans un mois pour le bilan de Novembre. Mais d'ici là, Robert Smith et ses compères auront sorti ce qui est peut-être l'album le plus attendu depuis des lustres.

Retrouvez les chroniques de Christophe Billars également sur son blog Galettes Vinyles

Auteur
christophe billars

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


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