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The Beta Band - The Three's EP - 1998

Rédaction : Christophe Billars le 5 janvier 2023

Grâce à « Mes disques de A à Z », bien que modeste chronique, je me retrouve parfois à découvrir un album, un groupe que j’avais oubliés, voire, comme c’est le cas ici, à côté desquels j’étais totalement passé.

The Beta Band est un groupe écossais formé en 1996 par John Maclean, Richard Greentree, Steve Mason et Robin Jones. Groupe culte par excellence, adoubé par Radiohead et Oasis, Beta Band est une machine à expérimenter, à trifouiller, à bidouiller les sons. Leurs influences viennent du folk, du hip hop, du psychédélisme pour un résultat étonnant et détonnant.

Ce n’est d’ailleurs même pas un album que ce « The Three E.P.’s » du Beta Band mais la compilation, sortie en 1998, de leurs trois premiers EP publiés entre juillet 1997 et juillet 1998 : « Champion Versions, The Patty Patty Sound et Los Amigos del Beta Bandidos ». Les titres font penser à une première mouture du folktronica que développeront les sorciers de Tunng des années plus tard. Souvent quasi instrumentaux et répétitifs, basés sur des guitares entrelacées, rehaussées de claviers discrets, les morceaux embarquent l’auditeur dans un voyage ouaté et hypnotique qui prend son temps et s’étire sans se soucier des formats pop habituels.

On ne se lasse pas de ce « Dry The Rain » intemporel et tant de fois copié qui ouvre l’album. Son beat languissant, presque fatigué, nous entraine dans un voyage envapé et pourtant curieusement bien ancré dans le sol avec ses guitares acoustiques et slide qui lui donnent son côté artisanal. Dans ce long titre au ralenti, The Beta Band excelle, remet au goût du jour les dérives hippies à la sauce trip hop et suit le chemin déjà emprunté par Primal Scream.

the beta band

Même réussite pour « I Know » avec ses boucles, son tambourin et son rythme alangui. La formule est reproduite sur « B + A » qui s’énerve un tantinet dans sa deuxième moitié et dérive en volutes psychédéliques. Malgré sa tendance au voyage intérieur, the Beta Band n’en perd pas le nord et revient toujours au sol comme en témoigne « Dog Got A Bone » avec son accordéon et ses percussions qui peut faire penser à certaines expérimentations Beatlesiennes. « Inner Meet Me » se termine en une longue dérive passablement enfumée mais n’oublie pas auparavant d’être un titre folk entraînant. On entend des bandes à l’envers dans « The House Song » et des voix superposées avant qu’un beat et qu’une basse bien ronde lient le tout. Mais la formule ne change pas, le maître mot de l’ensemble reste la répétition, la boucle.

Il faut ensuite gravir les 15 minutes de « Monolith » collage hétéroclite de bruits divers, de voix variées chantées, parlées, psalmodiées, de claviers et percussions, de gimmicks électroniques. On pense au « Revolution 9 » des Beatles. C’est, selon l’humeur, insupportable ou juste bizarre. On revient sur Terre avec « She’s The One » qui reprend la formule décrite plus haut avec une rythmique acoustique sur une structure répétitive même si le titre a encore tendance à côtoyer les cieux dans sa deuxième partie. C’est presque une psalmodie que « Push It Out » donne à entendre avec les mots du titre répétés ad libitum sur un clavier sombre que viendront par la suite orner un piano et une ligne de basse. « It’s Over » est, comme d’autres titres de l’album, clairement coupé en deux, d’abord soutenue par une basse, elle se termine en un murmure. « Dr Baker » ne tient qu’avec un piano et une voix réverbérée. Le piano laisse la place à un vibraphone avant d’alterner avec lui. Le titre, somptueux, est hyper dépouillé malgré quelques trouées de bruits en liberté et témoigne d’une science de la construction impressionnante. Une grande réussite. On termine avec l’apaisé « Needle In My Eye » dans une ambiance très summer of love.

Je ne suis pas allé plus loin dans l’exploration du groupe sachant qu’à l’époque de « The Three’s Ep », leur premier album n’était pas encore sorti. The Beta Band s’est séparé en 2004, chacun de ses membres ayant continué sa carrière de son côté. Cependant, cet album est l’objet idéal pour un voyage immobile, une évasion vers les hauteurs tout en tapant du pied, un remède à l’excitation du monde. À (re)découvrir.

Retrouvez les chroniques de Christophe Billars également sur son blog Galettes Vinyles

Auteur

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.