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Black Sabbath - Les 70's de plomb

rédigé par le 21 août 2023

Black Sabbath - Les 70's de plomb (de plus ou moins bonne qualité)

Black Sabbath est-il l‘inventeur du heavy metal ? Franchement bien difficile de l'affirmer dans le foisonnement créatif de la fin des 60's / début 70's.

black sabbath 1er albumMais c'est bien à cette période que le groupe de Birmingham tout comme Led Zeppelin, voire Deep Purple, enregistre certainement ses meilleurs albums et fait émerger ce genre, influencé par le blues, forgé de riffs lourds et distordus (heavy) et de sonorités ultra puissantes. Cependant je ne suis pas un spécialiste du genre et encore moins un amateur et me contenterai donc, comme d'habitude, d'écrire une chronique tout à fait personnelle des 4 albums de Black Sabbath que je possède, datant de la période 1970/1980.

En 1970, Ozzy Osbourne et ses gais lurons de Black Sabbath publient leur premier album enregistré à la va-vite, composé de 7 titres dont 2 reprises. Appeler son groupe Black Sabbath n'est pas tout à fait innocent. Le nom fut choisi à cause du titre de la première chanson de l'album éponyme de 1970, puissante et lugubre à l'image de la pochette qui donne envie de se pendre.

Le titre est même construit autour de l'accord « triton » interdit au Moyen-Âge car décrété diabolique. Déjà les imageries satanique (God contre Satan), Moyenâgeuse, fantastique s'affichent ouvertement. On retrouve une batterie massue, des riffs lourds, l'accélération finale et le chant ténébreux d'Osbourne, qui deviendront les marques de fabrique du genre. L'album est cependant gorgé d'influences rock et blues comme sur « The Wizard » et son harmonica qui fait penser à Des Stones qui auraient durci leur jeu. On retrouve, comme sur le titre précédent, des clichés fantastiques (sorcier, magie, cape noire, maléfices) un peu « cul-cul la praline ».

« Behind the Wall of Sleep » allège quelque peu l'atmosphère – tout est relatif – précédant « N.I.B » et son riff implacable que double la voix d'Osbourne alterné avec de longs solos de guitare de Tony Iommi. Sur la longueur, le disque tient cependant moins bien la distance, en particulier dans sa deuxième partie. Après la reprise réussie du groupe Crow « Evil woman », il faut attendre 2 minutes pour que « Sleeping Village » se réveille et « Warning », un (trop) long titre de 10 minutes qui est une reprise, semble partir un peu n'importe où, avec ses relents prog parfois indigestes. Mais peu importe, dans ses 70′s naissantes, le flower power n'a jamais semblé aussi loin de ces riffs implacables, de ces rythmes pachydermiques, comme si les ténèbres envahissaient le rock. « N.I.B » ci-dessous en est un des sommets dans une version live d'époque qui a dû faire trembler les fondations de l'Olympia !

Quelques mois seulement après le premier album, Black Sabbath remet ça en 1970 avec « Paranoid ».
black sabbath paranoidMe replonger dans ce disque que j'avais finalement peu écouté, n'étant pas, comme je l'ai dit, un hardeux loin s'en faut, me rend à l'évidence: « Paranoid » est un classique incontournable. Reprenant les recettes du premier, Black Sabbath les porte à l'excellence. Pas de moments faibles ici, le son est tranchant et acéré comme jamais, les riffs intersidéraux, la batterie sonne comme les enclumes des forges de l'Enfer (oui j'avoue c'est un peu exagéré) et Ozzy installe son image de rock star. Les chansons sont incandescentes que ce soit le single imparable qu'est « Paranoid » déboulant comme un train lancé à pleine vitesse ou l'immense « War Pigs » qui ouvre l'album de façon magistrale bourré de ruptures de rythme et de solos ultra incisifs. Pas une once de graisse, que du muscle, et du surpuissant.

Que dire de l'extraordinaire et surprenant « Planet Caravan », très acoustique, la batterie étant remplacée par des congas, magnifique balade nocturne et hallucinée qui n'a rien à envier au meilleur de Led Zeppelin. « Iron man » est sinistre dès son introduction et propose un riff pesant et angoissant et ce n'est pas « Electric Funeral » qui va réchauffer l'atmosphère. Sombre et très répétitif dans sa première partie, il évolue, convoquant encore le rock progressif, pour accélérer en son milieu, et mieux retomber dans les ténèbres. « Hand of Doom » est basé sur une ligne de basse sur laquelle Osbourne est plus menaçant que jamais. Black Sabbath s'aventure encore ici sur des terres prog sans jamais verser dans l'indigeste avec des changements de rythme et une mélodie qui évolue tout au long des 7 minutes du morceau qui se termine comme il a commencé. L'instrumental « Rat Salad » et son solo de batterie de quasi une minute – un des pires fléaux des 70's – est certainement le point plus faible de l'album qui se clôt sur « Fairies Wear Boots » qui n'est pas sans évoquer des sonorités à la Deep Purple, l'orgue en moins, avec ses riffs puissants et dynamiques. Vous l'avez compris, cet album est incontournable, une pierre angulaire de ces early 70's. Il n'en sera pas de même pour la suite.

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Que s'est-il passé en 3 ans depuis le grand « Paranoid », jusqu'à cette année 1973 où sort le 5ème album de Black Sabbath « Sabbath Bloody Sabbath » ? Je suppose que les fans du groupe vont hurler, et même si j'ai raté quelques épisodes, comment un groupe d'une puissance aussi noire que le Black Sabbath des deux premiers albums a-t-il pu en arriver à ça ?

black sabbath sabbath bloody sabbathDès le pénible « Sabbath bloody sabbath », morceau introductif, la voix d'Osbourne est absolument insupportable et sa noirceur s'est transformée en un hurlement incontrôlé de quelqu'un qui se serait coincé un doigt (pour être poli) dans la portière. En ce qui me concerne ce genre de voix est totalement rédhibitoire, je n'y peux rien. Côté musique, nous avons ici en germes tout ce qui fera l'horreur du heavy metal et du rock FM US des 80′s, une espèce de rock grand guignol, assez pompeux, qui commence à obtenir le renfort de claviers prog du pire effet et qui débouchera très vite sur ces groupes à justeaucorps avec guitares en formes d'éclairs et musiciens à permanente peroxydée. Bien sûr, certains riffs tiennent encore la distance et tout n'est pas à jeter. L'instrumental et assez évanescent « Fluff », sa guitare acoustique et son piano emportent le morceau sans sombrer dans la bluette.  Et si le cœur vous en dit quand même, « Sabbra Cadabra » n'a rien d'une formule magique mais est le plus pop des titres de l'album. « Killing Yourself To Live » n'est pas complètement désagréable mais on est si loin des ténèbres des débuts et la voix m'est toujours aussi difficilement supportable. Ce sont des synthétiseurs qui ouvrent « Who Are You ? », preuve que le groupe est alors capable d'innover, d'explorer, malgré le peu d'intérêt du morceau. Je lui préfère le boogie plus enlevé et presque pop sur le refrain « Looking for today » pas si éloigné que cela de certains titres de ZZ Top. Mais le meilleur est pour la fin avec l'ambitieux « Spiral Architect » et ses arrangements de cordes et son ascension finale du plus bel effet.

Nous sommes en 1980 pour la sortir de ce “Heaven and Hell », 9ème album du groupe – j'ai encore loupé pas mal d'épisodes - dont j'aime assez la pochette qui ne joue pas sur les clichés éculés mais les détourne de manière humoristique. Le chanteur historique Ozzy Osbourne, dont les diverses addictions ne lui permettent plus de remplir son rôle, est remplacé par Ronnie James Dio.

black sabbath heaven and hell

Il faut bien avouer que le premier titre « Neon Knights » et également premier single de l'album, est sacrément efficace avec son riff supersonique hyper accrocheur. Dio, même si je suis toujours très réticent à l'égard de ce genre de voix, fait le job. Les atmosphères ténébreuses semblent bien loin désormais.

L'album est bien lancé mais reste cependant très inégal tout au long des 8 titres qui le composent. Dans la lignée du single, on peut apprécier le rageur « Lady Evil » à la base noueuse, assez efficace même si peu subtil ainsi que « Die Young » qui alterne les moments quasi planants, en intro ou lors d'un break en apesanteur particulièrement réussi, et d'autres ultra speed. « Wishing Well » ne révolutionne rien mais la rythmique est impériale, sans gras inutile.

Le reste est moins intéressant avec des titres tels que « Children of The Sea » ou « Heaven and Hell » que j'ai vraiment du mal à écouter jusqu'au bout car les riffs pesants et la voix du chanteur viennent à bout de ma résistance. On touche le fond avec « Walk Away » et « Lonely Is The Word » aux sonorités hard FM – ce que les 80's ont produit de plus pénible - de la pire espèce sans que jamais on puisse se raccrocher à une idée un tant soi peu originale.

Quand on considère qu'en cette année 1980, le rock anglais produisait des albums aussi majeurs que « Seventeen Seconds » des Cure, « Scary Monsters » de Bowie, « Closer » de Joy Division, « Sandinista » des Clash ou encore « Crocodiles » d'Echo and the Bunnymen pour n'en citer que quelques-uns et seulement des anglais, ce « Heaven and Hell » fait par contraste bien pâle figure par son caractère bien conventionnel.

Réécouter ces albums m'aura cependant permis de me pencher vraiment sur l'œuvre de Black Sabbath et de relativiser mon peu d'attirance pour le genre, « Paranoid » étant, je le reconnais, un monument du rock incontournable.

Retrouvez les chroniques de Christophe Billars également sur son blog Galettes Vinyles

Auteur

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


Commentaires
  1. Durupt   Sur   9 septembre 2023 à 15 h 41 min

    Ozzy et sa voix ! La blues harpe du blues, le synthé des deep ....
    Quelle ne plaise à tt le monde ok , mais la comparer un gémissement......Pas très musicien de ta part

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