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Metronomy Forever l'éruption créative

Rédaction : Christophe Billars le 5 novembre 2019

En sortant, il y a quelques jours, du concert de Metronomy à l'Amphithéâtre à Lyon, je ne pouvais qu'être soufflé par le fait que, depuis 10 ans maintenant, le groupe était une inépuisable usine à tubes sortis du cerveau de Joseph Mount, seul maître à bord durant la conception des maintenant 6 albums de sa créature pop.

Quel groupe peut aujourd'hui se targuer d'enfiler les hits à un tel rythme ? Personne. Et l'énergie communicative dont avait fait preuve le groupe durant le set semblait indiquer que la source était loin d‘être tarie.

Alors que le Metronomy est devenu à juste titre la référence absolue de la pop des années 10 surtout avec les albums « The English Riviera » (2011) et « Love Letters » (2014), deux disques devenus des classiques, imposant ce style si particulier de Metronomy fait de mélodies imparables enrobées dans une électro jouissive, légèrement vrillée et toujours euphorique, voici que se présente à nous donc ce « Metronomy Forever » au titre un peu mégalo et à la pochette au psychédélisme kitsch. Le risque est grand de décevoir quand on a atteint le sommet, de se voir éternellement jugé à l'aune de ses réussites passées mais Joseph Mount ne semble absolument pas paralysé par le doute. En effet, ce nouvel opus est un double album-fleuve de 17 titres, une véritable éruption créative que représente finalement assez bien cette coulée de lave certainement brûlante qui se répand en tous sens sur la pochette.

Double album donc dont la face A, après la courte introduction instrumentale « Wedding » qui nous invite au son des cloches à une joyeuse cérémonie, enfile les tubes comme des perles avec une facilité déconcertante. C'est « Whitsand Bay », irrésistible avec sa basse caoutchouteuse, son charley omniprésent et sa mélodie qui s'insinue dans nos têtes, mais aussi « Insecurity » construit sur un riff de guitare comme rarement entendu chez Metronomy que vient appuyer un motif de synthé vrillé et qui met des fourmis dans les jambes et surtout le fantastique « Salted Caramel Ice Cream » qui ressemble à du Metronomy ForeverPrince période « Parade» (1986) qui serait joué sur des instruments pour enfants. Le morceau est puissamment addictif, enjoué, hyper inspiré et totalement imparable. C'est un sans-faute au moment où on se prépare à aborder le cœur de l'album amorcé par le court instrumental « Driving ». C'est avec la pop synthétique de « Lately » que l'on repart pied au plancher avec ce titre fantastique et frénétique qui se termine dans une explosion de synthés colorés. On sait déjà, alors qu'on n'est même pas à mi-chemin, que « Metronomy Forever» non seulement ne déçoit pas mais enthousiasme au plus haut point. L'album étant double, cela permet à Joseph Mount d'explorer des terres plus inédites en particulier en truffant l'album d'instrumentaux tous inspirés comme ce superbe « Lying Low » à la tonalité légèrement mélancolique et bourré de curieux grognements divers. « Forever Is A Long Time » n'en est pas un mais presque tant la voix totalement déformée et quasi inintelligible sans avoir le texte sous les yeux se fond dans des nappes de synthés assourdies. Ici, le disque semble quasiment s'arrêter, reprendre son (notre) souffle mais pour mieux relancer la machine sur le superbe « The Light » dans lequel les voix se superposent, se répondent de façon légère en contrepoint d'une basse noueuse et bien ancrée mettant ainsi fin au parfait premier disque. On se dit alors qu'il ne tiendra pas la distance et pourtant on est aussitôt démenti par le tubesque « Sex Emoji » où encore une fois l'ombre du Prince de la grande période, quand lui aussi enfilait les tubes improbables et décalés à la chaine, plane. Le magnifique « Walking In The Dark » fait irrésistiblement penser à l'album " Love Letters " et sa mélancolie liquide, avec son motif de clavier qui tourne en rond et la voix plus fragile que jamais de Joseph. Ce sont deux instrumentaux qui viennent clore la face C ; « Insecure » tout d'abord et ses sirènes flippantes qu'on jurerait sorties d'un album de Brian Eno puis le fantastique « Miracle Rooftop » qui sonne comme si vous l'entendiez sous l'eau et évoque une ambiance superficielle et festive dans laquelle cependant la terreur serait sous-jacente. « Upset My Girlfriend » ouvre la dernière ligne droite dans lequel Joseph à la guitare acoustique rehaussée de quelques notes de claviers raconte ses débuts « I used to play drums in a rock'n'roll band/ But they kick me out » de façon très touchante avant de laisser toute la place à un autre immense tube qui rentre en tête de façon définitive intitulé « Wedding Bells », mixé par Dave Fridmann, jadis brillant producteur des Flaming Lips et autre Mercury Rev que je suis étonné de retrouver là. Sur « Lately (going spare) » Mount fait son crooner délicat, chantant de manière très détachée sur ce superbe et avant-dernier titre qui s'éteint hyper progressivement pour laisser « Ur Mixtape » clore le disque sur un parfait plan de fin d'une minute trente.

On a donc notre réponse : « Metronomy Forever » se hisse au niveau de ses prédécesseurs, voire les dépasse allègrement, l'avenir le dira. Pour l'instant Metronomy se conjugue au présent et survole de son talent la pop du moment.

À écouter : Salted Caramel Ice Cream – Whitsand Bay - Lately

Christophe Billars.
Retrouvez ses chroniques également sur le blog Galettes Vinyles

Metronomy ForeverRetrouvez des extraits du nouvel album de Metronomy dans les playlists de Poptastic Radio.

Auteur

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.