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"The Car" des Arctic Monkeys, l'un des meilleurs albums de 2022

Rédaction : Christophe Billars le 10 décembre 2022

La mue fut amorcée avec « Tranquility Base Hotel + Casino » (2018). Alex Turner prenait tout son monde par surprise avec cet album loin des sentiers habituellement tracés par le groupe.

Délaissant les guitares, la musique des Arctic Monkeys s’apaisait, laissant la place au piano, aux synthés dans des chansons faisant la part belle au chant de Turner. Mais il manquait quelque chose à cet album, des chansons fortes, qui impactent durablement les auditeurs. La forme avait changé et il faut saluer encore une fois cette prise de risque, cette volonté d’aller de l’avant mais, à part quelques belles exceptions, le groupe n’avait pas trouvé des compositions suffisamment solides pour convaincre sur la durée du disque. Cependant la porte avait été ouverte et désormais, le groupe pouvait tout se permettre.

the car arctic monkeys un des meilleurs albums de 2022

Avec « The Car », Alex Turner a trouvé sa voie et sa voix. Cette fois-ci, on peut l’aimer sans réserve, tant les 10 titres sont excellents et composent ce qui est à coup sûr le meilleur album des Arctic Monkeys et l’un des meilleurs de l’année.

Certains diront qu’ils n’ont plus l’énergie des débuts mais c’est ne pas voir que désormais ils mettent leur énergie ailleurs. Dans l’échafaudage de compositions complexes et subtiles qui ne se livrent pas d’emblée mais se méritent et se révèlent dans leur sérénité, leur apaisement. La pochette, superbe, de l’album donne le ton. La présence de cette voiture, qui donne son titre à l’album, sur ce toit d’immeuble, est aussi incongrue et surprenante que ce qu’est devenue la musique du groupe et pourtant participe à un tableau dont les lignes sont harmonieuses et maîtrisées.

 

Il suffit de se laisser emporter par les cordes et l’orchestration majestueuses de « There’d Better Be A mirrorball » brisées l’espace d’un instant avant de régner à nouveau. Les pulsations de la basse, les envolées de cordes tissent un écrin à la voix d’Alex Turner qui se rêve en crooner désuet tout en livrant une performance vocale de haute volée. Sur « I Ain’t Quite Where I Think I Am » les chœurs giclent, la basse pulse et la guitare s’insinue par toutes les failles de cet immense titre qui sonne comme un disco-funk moite sous Valium. On y croise le fantôme de Bowie période « Youngs Americans » (1975) tentant d’apprivoiser la soul de Philadelphie. Mais très vite de sombres nappes de clavier lancent « Sculptures » qui, petit à petit, s’extirpe du marécage pour s’élever et s’éclairer au fur et à mesure que rentrent les différents instruments. Turner, quant à lui, est toujours au sommet de son art et chante mieux que jamais. « Jet Skis On The Moat » lui permet, par son atmosphère apaisée et sereine, de briller de toute sa classe. Le morceau est nimbé d’une mélancolie qui évoque une fin de fête quand les lumières se rallument et que chacun revient peu à peu à la réalité. C’est par un chef d’œuvre absolu que la face 1 se termine. « Body Paint » quasi Beatlesien, au final époustouflant, est dominé de la tête et des épaules par la voix haut-perchée de Turner. On ne quittera désormais plus les sommets.

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En effet c’est par un morceau en platine massif voire en adamantium que s’ouvre la face 2. « The Car » débute par des arpèges de guitare et se termine par le solo de guitare de l’année, espèce pourtant en voie de disparition. Entre les deux, Turner tutoie désormais ceux que je suppose être ses modèles, Bowie et Morrissey. Les arrangements sont somptueux, la mélodie à tomber sur ce folk grandiose. La très grande classe.

Big Ideas” est un extraordinaire mélo en Technicolor qui prouve que les Monkeys n’ont plus peur de se confronter au kitsch, au sucré mais sans jamais tomber dans les travers du genre qui aurait pu rendre ce titre indigeste. Au contraire, jamais ennuyeuse, la chanson est belle à pleurer et évoque même Steely Dan, au détour d’un refrain sophistiqué. « Hello You » permet encore à Turner de livrer une prestation parfaite dans ce titre aux envolées de cordes suaves et que dire de la merveille folk qu’est « Mr. Schwartz », peut-être la plus belle chanson de l’année ? Encore une fois c’est David Bowie et sa présence fantomatique qui est convoqué pour cette perle mélancolique que Turner chante de façon divine. Et quand les cordes arrivent les frissons sont assurés.

Le disque s’achève sur “Perfect Sense”, un océan tranquille et mystérieux, éclairé par la lune, survolé de nuit, en planeur. Les Arctic Monkeys y font preuve encore une fois d’une maîtrise totale que ce soit dans l’interprétation où dans la création d’une atmosphère quasi cinématographique par sa capacité à suggérer des images mentales.

« The Car » se mérite. Il faut avoir la patience, vertu qui se perd semble-t-il, de se laisser envahir par sa beauté subtile, sa profondeur, sa complexité mais le jeu en vaut la chandelle. Les Arctic Monkeys sont désormais libres, ne sont plus prisonniers d’un style, d’un genre et peuvent tout se permettre. À quoi ressemblera leur prochain album ? Impossible de le dire et c’est bien entendu une qualité très précieuse.

Retrouvez les chroniques de Christophe Billars également sur son blog Galettes Vinyles

Auteur

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


Commentaires
  1. Chill   Sur   11 janvier 2023 à 15 h 22 min

    Se cacher derrière la nécessité d'avoir de la patience, quel ramassis de connerie ! Assumez entièrement votre prétention et mettez-vous au jazz et au vin blanc.

    • Christophe Billars   Sur   13 janvier 2023 à 9 h 40 min

      J'adore le jazz et le vin blanc (ah bon, c'est une caractéristique des gens prétentieux?) , un peu moins les gens agressifs qui n'ont aucun argument pour critiquer un album qu'ils n'aiment pas. Dommage, cela aurait pu être constructif. Et "conneries" prend un "s". Bonne journée et doucement sur le gros rouge.

Commentaires fermés.